Paysage et espaces ruraux à l’Ouest de Hanoï

Le 03.07.24
En visioconférence

Soutenance de thèse

Paysage et espaces ruraux à l’ouest de Hanoï (ancienne province de Hà Tây, Vietnam).
A la recherche d’un projet de développement territorial durable dans un contexte de transition urbaine.”

Par Thuy Trang Luong.

Sous la direction de Bernard Davasse, géographe professeur à l’ENSAP de Bordeaux et Thai Huyen Nguyen, architecte-urbaniste professeure à l’Université d’architecture de Hanoï.

 

Le Mercredi 3 juillet à 9h (heure de Paris) et à 14h (heure de Hanoï)
en visioconférence.

Si vous souhaitez assister à la soutenance en visioconférence, il faut envoyer un courriel à l’adresse suivante : Luong Thuy Trang  trangluong82@gmail.com

 

Si le Vietnam fait encore partie des pays les moins urbanisés au monde, la transition urbaine est en cours, largement soutenue par un gouvernement central qui a opté pour une stratégie de développement socio-économique fondée sur une urbanisation accélérée.
Toute une population, initialement rurale, est en train de devenir majoritairement urbaine, résultat de migrations des campagnes vers les villes, mais aussi de l’intégration aux tissus urbains des villages ruraux situés en périphérie.
Ce mouvement de densification/étalement n’est pas sans conséquence sur les paysages ruraux, les pratiques socio-spatiales que l’on y rencontre et les représentations culturelles associés.
Il s’agit là d’un enjeu qui dépasse largement le seul problème d’artificialisation de terres agricoles et qui renvoie à des questions de préservation des environnements et des paysages concernés, d’un accès équilibré aux ressources et à une alimentation suffisante, ainsi qu’à des objectifs de qualité de cadre de vie pour tous— en un mot à une question de développement durable des territoires concernés.
L’enjeu porte également sur la formation des professionnels de l’espace et du projet spatial, au sein de laquelle des enseignements sur la question rurale telle qu’elle se pose aujourd’hui sont très peu présents.
Cette thèse s’intéresse plus particulièrement aux paysages ruraux de l’ancienne province de Hà Tây, située en périphérie ouest de Hanoi, en plein cœur du delta du fleuve Rouge, là où se rencontre une densité démographique rurale parmi les plus élevés au monde. Il s’est agi dans un contexte de transition urbaine, très mobile, de caractériser les paysages ruraux, d’en saisir les évolutions historiques, de s’interroger sur les pratiques contemporaines et les projets qui les sous-tendent.
L’hypothèse émise est que s’emparer de la notion de paysage rural et l’adapter au contexte culturel vietnamien permettrait de renouveler les savoirs et les savoir-faire visant à gérer et aménager les territoires en prenant en compte la coexistence sur un même lieu d’activités diverses, agricoles ou non, et les valeurs associées.
Dans cette perspective, cette thèse a mobilisé une approche paysagère située, combinant relevés de terrain et entretiens in situ, s’attachant à analyser les processus sociaux-spatiaux à l’œuvre sur quatre communes, en position de front d’urbanisation, à appréhender les regards et les discours portées sur les évolutions paysagères, historiques et contemporaines, et se positionner sur l’action qui y est conduite.

Les résultats de la recherche montrent que cette relation entre agriculture et paysage a été très peu étudiée au Vietnam.
Le souci de paysage y est quasiment absent des politiques et des projets conduits dans les espaces ruraux. Le programme « Nouvelle ruralité » mis en place en 2010 s’appuie sur des procédures fonctionnalistes, standardisées, et ne répond pas réellement aux enjeux contemporains de territoires plus diversifiés qu’il ne paraît au premier abord.
Il s’agit de considérer que les paysages ruraux sont largement fabriqués par les pratiques agricoles et que celles-ci, si elles doivent être renouvelées, doivent tenir compte des savoirs locaux et des enjeux environnementaux.
Il s’agit enfin de prendre en compte que ces paysages ruraux constituent un cadre de vie pour les populations locales et des espaces attractifs pour les urbains ou pour les touristes de plus en plus nombreux à les habiter ou à les fréquenter.
Cette thèse montre également que les habitants des espaces ruraux ont aujourd’hui la possibilité de jouer un rôle dans la fabrique de paysage à l’ouest de Hanoi.
Ces périphéries de la province-capitale doivent être appréhendées comme étant des espaces hybrides, où se côtoient activités agricoles et non agricoles, informelles ou non, et où s’affrontent pouvoirs locaux et tentatives encore inabouties de mise au point d’une gouvernance unifiée à l’échelle métropolitaine. Au final, la recherche a engagé une réflexion sur les processus de planification et de développement rural à l’oeuvre au Vietnam aujourd’hui.
Y est visée la possibilité de promouvoir la qualité des paysages ruraux et les valeurs qui y sont associées, de corriger les incohérences actuelles dans le processus de planification rural et de réduire les impacts négatifs induits.
Sur ces bases, il devient possible de former des professionnels de l’espace et du projet spatial susceptibles de renouveler les formes d’action dans les territoires ruraux, prenant en compte les transformations paysagères contemporaines dans toute leur diversité et les enjeux propres aux nécessaires transitions agro-écologiques, sociales et économiques à venir. Dans ce contexte, l’objectif est bien de promouvoir le rôle social de l’architecte-paysagiste praticien et l’émergence de nouvelles pratiques professionnelles.

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