Le cours d’architecture de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux
L’ouverture d’un cours d’architecture, confié à Louis Labbé, architecte diocésain, en 1877, à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, constitue le point de départ de l’enseignement de l’architecture dans cette ville.
L’école des Beaux-Arts de Bordeaux est une école municipale indépendante jusqu’en 1889, date à laquelle la mairie installe l’école dans l’ancien couvent des dominicains, près de l’église Sainte-Croix.
L’école s’agrandit et devient école régionale des Beaux-Arts et des arts décoratifs. L’orientation générale des études vise à harmoniser l’enseignement des arts en France, afin de préparer les élèves à parfaire leur formation à l’ENSBA. L’objectif se limite alors à la préparation au concours d’entrée de l’école parisienne. Cette centralisation marque pendant des décennies le cours d’architecture de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, qui s’enrichit en 1884 d’un cours de construction et de sciences.
En 1867, le diplôme d’architecte est institué, mais l’Etat refuse de décentraliser l’enseignement ainsi que l’attribution du diplôme.
En 1905, l’Etat décide de créer sept écoles régionales, dont une à Bordeaux. On y dispense le même enseignement qu’à Paris, mais les concours et les diplômes, entrepris sous la direction du maître d’atelier local, sont envoyés par le train et jugés dans la capitale. Directeur et professeur seront désormais nommés par l’Etat. Deux villes, Nancy et Bordeaux, refusent ce statut qui enlève toute autonomie aux futures écoles régionales. Ainsi, cinq écoles régionales seulement, sont-elles officiellement crées en 1905.
Après le décès de Louis Labbé, en décembre de cette même année, le poste de professeur d’architecture de l’école régionale des Beaux-Arts et des arts décoratifs de Bordeaux est repris par Pierre Ferret (1877-1949), architecte bordelais majeur s’avère plus favorable que son prédécesseur à la création d’une école en Aquitaine. Mais, malgré ses efforts répétés, la création de l’école régionale de Bordeaux ne sera actée au budget de la ville qu’en janvier 1928.
L’école régionale de Bordeaux
P. Ferret cumule les fonctions de professeur chef d’atelier et de directeur des études. Claude Ferret (1907-1993) succède à son père en 1942. Il assumera cette tache jusqu’en 1977, s’imposant comme le patron, chef de file de l’école.
En mai 1968, l’école nationale des Beaux-Arts est dissoute et l’enseignement de l’architecture renaît sous la forme d’unités pédagogiques d’architecture.
L’unité pédagogique de Bordeaux
L’école est contrainte de quitter ses locaux de l’École des Beaux-Arts. D’octobre 1968 à octobre 1972, les cours sont dispensés dans des baraquements provisoires inconfortables installés quai Sainte-Croix à Bordeaux.
C. Ferret affirme encore son autorité sur l’école par la construction des nouveaux locaux à Talence.
Paradoxalement, à l’heure de la pluridisciplinarité issue de mai 68, C. Ferret conçoit un plan éclaté qui favorise l’isolement des diverses disciplines et maintient l’autonomie de l’atelier comme expression architecturale de l’enseignement du Patron. Cette réalisation s’inscrit dans la double filiation du mouvement moderne et du fonctionnalisme, où Oscar Niemeyer fait toujours figure de référence. Celle-ci s’y fait même citation dans l’amphithéâtre en forme d’œil dont la parenté avec l’auditorium du lycée de Belo Horizonte au Brésil, construit en 1954-56 par O. Niemeyer, n’échappe à personne.
De l’unité pédagogique à l’Ecole d’architecture et de paysage
Avec le départ de C. Ferret en 1977, un siècle d’enseignement de l’architecture s’est refermé à Bordeaux. Une nouvelle ère s’est ouverte avec l’arrivée de nouveaux chefs d’ateliers, dont l’un des plus remarqués fut Jacques Hondelatte (1942-2002), mais aussi avec ses nouveaux changements de tutelle et de réformes.
L’école s’est également enrichie de nouveaux bâtiments qui accusent l’éclatement du plan initial de C. Ferret.
Mais la mutation la plus profonde de l’ancienne école régionale de Bordeaux, ces dernières années, ne fut pas la construction de ces nombreuses extensions qui répondent à l’évolution de la profession et de son enseignement, mais l’ouverture d’une seconde formation, celle du paysage. Depuis la rentrée, 1991-1992, l’école d’architecture de Bordeaux est devenue école d’architecture et de paysage de Bordeaux ; elle accueille chaque année une nouvelle promotion d’étudiants recrutés à bac+2 qui préparent en quatre ans un diplôme de paysagiste.